Hommage à Desproges

Publié le par blancafort

Je l'ai rencontré par hasard
Chez moi un soir, au zinc du bar.
Elle était belle et fort gentille.
J'étais chanceux, c'était une fille !

Ses yeux se mirèrent en moi,
Pigmentés d'un vert brou de noix.
Ses longs cheveux choyaient l'ovale
De son doux minois médiéval.

Par bonheur, elle avait deux jambes,
Croisées entre sa viole de gambe
Dont elle jouait l'air enjoué
Après minuit sur la chaussée.

Pour alléger l'air timoré
De sa présence qui m'intimidait,
J'insérais un cd d'Mozart:
Le Requiem de l'Alcazar !

Afin d'affiner la soirée
En ma cuisine, je suis allé
Quérir un saucisson pur-porc
De bon aloi et de Bigorre !

Et dans ma cave achalandée,
Je pris un vin millésimé,
Un Gevrey-Chambertin coulant,
Privilégiant tous les penchants !

Tous deux au zinc du bar nappé
D'une lumière tamisée,
Nous nous regardions sans babil,
Le doigt posé sur son nombril.

D'un geste inouï et inhumain,
Elle mit de l'eau dans son vin fin !
Je suis resté fort dépourvu.
Je ne l'ai plus jamais revu !

Publié dans Un peu de culture

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article