L'almanachronique du 18 septembre

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Coin Coin la blogose !

" Mais a-t-on besoin du foie gras pour vivre ? " se demandait hier sur France Inter, Alain Bougrain-Dubourg, qui ne cachait pas son hostilité envers la pratique du gavage. Vaste débat. A-t-on besoin du foie gras pour vivre ? La question, artificieuse s'il en est, mérite pourtant, je l'admets, un débat. Et transgressons celui-ci, très vite, en faisant abstraction de la superfluité supposée du foie gras. Le luxe, associé à ce mets raffiné, n'ayant que très peu d'intérêt, ni sa place, quand vous vivez dans le Gers. En tant que pauvre, il m'arrive en effet très souvent de me délecter de sa saveur élégante, alors même que mon quotidien culinaire se résume plus souvent à des coquillettes de marque Leader Price agrémentées d'une sauce tomate, plus acide qu'un vinaigre aigrelet dans un bouillon de citron vert. D'autant plus quand vous avez la chance de côtoyer, comme je le fais sans arrière-pensée, des camarades exquis qui mitonnent en catimini quelques pots salvateurs pour les longues nuits d'hiver où l'âme s'terre. Pour reprendre une formule à la mode et à la con ( Tiens un pléonasme !), c'est ce qu'on appelle une "amitié positive". Mais revenons au débat. Gavage, foie gras. Certes, et l'emploi de cet adverbe ne minimise en aucun cas la polémique, il serait déraisonnable d'affirmer que le volatile n'endure aucune souffrance dans la pratique du gavage. On peut même dire qu'il en chie grave le palmipède, mi-boiteux. Et ce zugunruhe forcé, comportement naturel des oiseaux migrateurs qui consiste à accumuler de la graisse avant le long voyage, est, on peut le dire, cruel. Voire barbare. Une barbarie détestable quand elle s'applique à ces usines ignobles où le taylorisme frénétique et le rendement à tout prix ne s'embarrassent d'aucuns scrupules, ni de compassions, et encore moins de respect. Mais doit-on tout rejeter pour autant ? Hier encore, je discutais avec une amie paysanne, si si on peut discuter sans risques avec des paysans, sur l'éventualité d'une poussée brutale de cèpes, quand on fut interrompu par des caquètements alertes. Cette amie, nullement agacée par ces cris aigus, me présenta ses petits canards, en liberté, qui dandinnaient allègrement dans la cour de la ferme comme autant de myopathes bas sur pattes, subitement atteints d'une frénésie compulsive. " Qu'est-ce que vous faites ici mes mignons ? Allez Allez ! Du balai ! Au champ vite ! Boudiù, y me rendront folle ! Ils n'arrêtent pas de me becqueter mes fleurs ! Allez ouste ! " Les canards, après un bon coup de pied au cul plus frondeur que méchant, s'en allèrent piteusement caqueter dans la prairie voisine. Des canards bien gras, dont j'appris plus tard qu'ils étaient en plein gavage pour la consommation annuelle de la famille. Un gavage patient, long et respecteux, pour autant qu'il puisse l'être, de la bonne santé du dit volatile. Un palmipède en liberté, goûtant les joies simples de la farniente gasconne sous les riants auspices d'un chêne centenaire. Mais point de flagorneuse poésie, ces canards étaient bien tous destinés à être occis sans retenue pour le plaisir agapien de quelques épicuriens amènes, forts de leur pouvoir carnivore. Certes. Mais peut-on parler dans ce cas précis de cruauté ? De barbarie ? Tout est question de degré, de valeur. Un peu comme l'élevage des poulets sur leur feuille A4, qui ne voient jamais le soleil, au doux son de Mozart pour ne pas sombrer dans une asthénie achondroplasique. Alors, à la question captieuse du Dubourg : " A-t-on besoin du foie gras pour vivre ? ", je répondrais sans détour : " Non ! ". Bien évidemment, non ! Mais que fait-on du plaisir ? Le plaisir ! La réjouissance, les délices. Ce plaisir qui est le bonheur des fous ! Et comme le disait Corneille, un oiseau de malheur, le plaisir ne va pas sans tristesse. La tristesse d'une mort injuste d'un petit être emplumé pour le bon plaisir gustatif d'un homme passionné. Mais que voulez-vous ? Ces putains de canards, z'avaient qu'à posséder comme nous un pouce préhensile pour se munir d'un couteau et nous occir à leur tour ! Merde ! Sus aux canards !
De toute manière, les oiseaux sont des cons !
C'est pas moi qui le dit, c'est Chaval.
Un homme.
On peut donc lui faire confiance...

Publié dans Chroniques

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