L'almanachronique du 10 novembre

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! My baraque Ô bamana la blogose !

Coucou les blogos ! Bonjouuuuuur la blogose ! De retour de New York, et après quelques joutes ivressiennes, je retrouve Gaujan, ses rues impassibles, ses impasses rusées, ses ouailles bêlantes et ses belles ouatées. Ce 10 novembre, le soleil, aux reflets rougeoyants, fait risette aux cimes désoeuvrées des vieux chênes qui stripteasent sans honte. La terre se rase, s'arase, s'araire et se repose. Elle fume au matin malgré les interdictions et le cancer qui verdoie; cancer qui arbore également un air de supériorité en ces contrées modestes, quoique terreuses. Ce même 10 novembre de 1667, où, non loin de la salle des fêtes de Gaujan, Andromaque, la tragédie janséniste de Racine, fut présentée pour la première fois, à un public médusé de gueux et de notables crépusculaires. On entendit ainsi, de la scène branlante et peu éclairée, au travers d'un épais nuage pisseux de nicotine, la célèbre réplique d'un masturbateur oisif, soudainement excité par l'infrangible réalité qui passe : " Hé bien ! filles d'enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes ? " Et le public d'ovationner la concupiscence de l'onaniste empressé.
10 novembre 2008. 09H35. Un léger brouillard opalin s'évapore doucement. La voisine d'en face s'agite mollement. Le petit théâtre, où Andromaque fut joué, est désormais une ruine anarchique où sombrent la nuit, d'obscurs étourneaux beuglards. Dès le matin, je les invective : " Je crains votre silence et non vos injures ! " Pour toute seule réponse, les étourdissants étourneaux se dispersent et s'élancent. Les oiseaux sont vraiment des cons. Comprennent rien à rien.
Alors, que s'est-il passé cette semaine ? Et la crise ? Ben, elle est toujours là ! De Washington à Pékin, en passant par Londres et beaucoup moins par le Luxembourg. Les économistes néolibéraux de Chicago applaudissent des deux mains l'élection d'Obama. Leur règne assassin s'accomplit sereinement, par les urnes. Tout est possible ! Tout va être possible ! Yes ! Yes we can ! La retraite à 70 ans, la privatisation du service public, l'hégémonie économique, le travail comme seule réponse au temps qui passe ! Yes we can ! Vous allez voir ce que vous allez voir ! Les banquiers, les traders, les dirigeants boursouflés rient sous cape. Et Andromaque revient à ma mémoire. " Je ne sais de tout temps quelle injustice puissance laisse le crime en paix et poursuit l'innocence ! " Cher Oreste, on se pose encore la question ! Sûrement parce que c'est comme ça !
10 novembre 2008. 10H22. Le brouillard n'est plus qu'un souvenir éventé. La voisine d'en face se tamponne mollement le coquillard. Le café bruisse. Demain, le 11 novembre. Et j'écoute tonton Georges : " Moi mon colon, celle que j'préfère, c'est la guerre de quatorz' dix-huit ! "


Publié dans Chroniques

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