L'almanachronique du 12 novembre

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Miam Miam Miasme la blogose !

" Bortsch ! Gaspacho ! Minestrone ! Tourin ! Panade ! Garbure ! " Chapelet d'injures ? Répertoire insolent pour un Haddock en mal de verve ? Que nenni mes nonnes ânonnantes ! Ce ne sont là que quelques termes singuliers pour distinguer des soupes variées et non-avariées. Car oui aujourd'hui, mes niquedouilles de bon aloi, nous causerons de soupe.
Du latin suppa, la soupe date de la plus haute antiquité. A l'origine, la soupe est constituée d'une tranche de pain sur laquelle on verse un bouillon de légumes, tel que le demeure encore le mijet du Poitevin. Lorsque la tranche de pain a été abandonnée, le mot a alors désigné le bouillon et ses légumes. L'on disait alors, avant l'abandon de la tranche, que l'on trempait le pain. Ce qui permettait d'une part, de "gonfler" un mets maigre, et d'autre part, de terminer avec goût le pain sec qui inévitablement rassis, même debout. Une coutume qu'il serait bon de réhabiliter en ces temps impulsifs, quoique pondérés pour beaucoup, bien que durs, et franchement secs, et réciproquement, et vice-versa. Mais trève de divagation, et revenons à notre propos liquide. Et plus particulièrement à la soupe aux choux. Et profitons de celle-ci, pour envoyer un salut grassement appuyé à l'aimable bourru Fallet ! Voilà ! Ploum Ploum. La soupe aux choux. Rien que d'évoquer par l'écrit la soupe aux choux, et d'immuables saveurs et souvenirs de glotte s'en viennent musarder en mes babines neuronales. La madeleine de Proust n'a qu'à bien s'tenir ! Alors ? Comment bien faire une soupe aux choux ? Je ne vous cache pas qu'il existe un nombre invraissemblable de recettes, plus ou moins originales, de la soupe aux choux. Les recettes comme les goûts sont aussi diversifiés et éclectiques que ne le sont les sentiments, pourtant communs à tous. Il en va alors de la substance, du gramme, du coup de poignée, d'un degré, d'une astuce imperceptible, d'une délicatesse, d'une quintessence raffinée. Bref, de la connaissance, du savoir, de la pratique. Mais, et je vous fais confiance là-dessus, sachez-le désormais, il n'existe qu'une seule recette de la soupe aux choux : la mienne ! Pour ne pas dire, la vraie. Pour affirmer cela, avec une présomption intransigeante qui me carcatérise dans le domaine de la gastronomie, il m'a tout de même fallu comparer ce qui était comparable. J'ai donc goûté les soupes des vieilles gueuses gâtées qui radotent au couvent, et j'ai prélevé, ça et là, la substantifique moelle, la quintessence même de cette soupe divine. Voici donc, chers chanceux, la véritable et définitive recette de la soupe aux choux. Je vous en prie.
Oublions tout de suite, le caractère curatif que certains associent à ce mets. D'autres, plus crétins que les premiers, y adjoignent certains termes abscons, tels que minceur et régime. Oublions tout cela. Les "sectateurs du mens sana", chers à Gérard Oberlé, peuvent aller se rhabiller ! Ici, il est question de goût, de saveur.
Ploum Ploum.
Prenez un beau gros chou vert, bien pommé. Inutile de le blanchir. C'est bon pour les précieux, les "prosateurs indigents" de la cure ! Coupez-le en fines tranches, et faites revenir dans un grand faitout, voire une cocotte-minute, avec de la graisse d'oie en abondance. Quand le chou, finement tranché, se ramollit le derche, mettez des navets peu navrants, coupés grossièrement, quelques pommes-de-terre, deux gros oignons et de joyeuses carottes bitophiles. Laissez roussir le tout à feu vif. Quand la couleur vous semble pimpante, rondelette, joliment moirée, trempez les légumes. Remplissez votre faitout avec un bouillon bouillant de poule-au-pot potin. Salez, poivrez, aillez, et mettez en joie avec des épices variées et selon votre humeur bourgeonnante. Si vos moyens sont là, bienheureux les gras, il est évident que l'apport d'un os, de quelques grassouilles ventrêches, peuvent très bien être invités à la partouze culinaire bouillonnante. Ô combien ! Ceci fait, couvrez le tout, et laissez cuire le temps nécessaire. Cet instant subtil où vos narines s'émoustillent. Et voilà ! Prenez un assiette à soupe ou un plat en terre, c'est mieux, déposez au fond des tranches de pain, versez-y dessus la soupe. Vous pouvez, toujours selon vos ressources, y ajouter du fromage, de la crème fraîche, du beurre, enfin tout ce que vous pouvez trouver de savoureux, ou quelques ingrédients esseulés qui baillent aux corneilles dans les cuisines apaisées.
Alors ? Tenté ? En ce froid généreux, je vous le conseille.
A demain !

Publié dans Chroniques

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