L'almanachronique du 5 janvier

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Wif Wif la blogose !

A peine les rois tirés, et alors qu'un nouveau matin matine, la reine s'éveille posément, sans gueule de bois, avec dans le coeur une insondable légèreté de l'être. Les nuits précédentes ont été grisantes, capiteuses et enivrantes. Désormais, elles se sont tues. Elles s'effritent peu à peu, ne laissant qu'une vague réminiscence, cette tonalité affective qui borde l'âme assoupie.
La reine, dans un déshabillé de Chantilly noir, arachnéen, se tient debout, devant la plus large fenêtre de la chambre blanche. Elle regarde l'extérieur, à travers un léger voile opalin. Elle plisse imperceptiblement les yeux, et contemple.
Enfin, elle voit.
Elle voit ce monde nouveau.
Un monde, avec les genoux brisés, presque à terre, qui suffoque, qui halète poussivement; un monde qui cherche un nouveau souffle, d'autres horizons, un autre ailleurs. Elle voit une petite bande de Gaza qui ne sera jamais apaisée, et tout autour, des pays qui trépident, qui s'embrasent. Elle se demande jusqu'à quand ? Jusqu'à quand parlera-t-on de paix, cette vieille pute qui demande un prix toujours élevé ?
Elle voit des hommes qui brûlent de nouveau des pavés bien pâles, qui trottent, qui pourchassent des chimères, qui courent en tous sens, les bourses pleines, le coeur serré, la gorge sèche. Elle les voit se tourmenter piteusement devant tant d'inanité obstinée, se démener rageusement, s'agiter connement comme autant de mouches à merde auprès d'une bouse sans goût. Elle les voit ces hommes perdus, condamnés par leurs propres soins, qui font cas de l'argent plus que de leur propre vie.

La reine alors, recule, un peu effrayée.

Elle ne savait pas.

Elle ne se doutait pas.

Toute sa vie, elle n'avait regardé le monde qu'au travers le cul des bouteilles, telle une lorgnette, ou au travers des verres à cocktails comme des kaléidoscopes gais. Disons que sa vision du monde était un peu trouble.

Quel choc ! Quelle stupeur ! Quelle consternation !
- Eh bien tant mieux, après tout ! Quand je verrai les choses comme elles sont réellement, il sera temps de tirer définitivement le rideau.
Rideau !

Publié dans Chroniques

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