L'almanachronique du 15 janvier

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Scriiiiiiii Swwwiirrrcckk la blogose !

( Le " Scriiiiiii Swwwiirrrcckk " est le bruit "étonnant", doux euphémisme nimbé d'un respectueux hommage, du doigt du tenancier de l'hôtel Tuttu qui crisse sur la fenêtre givrée pour me réveiller amicalement, en vue de prendre ma correspondance pour Nuuk. )

Deuxième jour. L'ancien tarmac de la base aérienne américaine de Kangerlussuaq, désormais aéroport, connaît à ce jour une effervescence grouillante. J'apprends qu'un congrès, réunissant des américains, des japonais et des danois, se tient au Centre de Recherche d'Aurores Boréales, tout près de l'hôtel igloo Village. La piste est blanche. Il souffle un vent douloureux, extrèmement violent. Un vent peu amical, qu'on appelle, ici, avec une crainte non feinte, le terrible Pittaraq ! Il vous "pitte", puis tout de suite après, vous "raque" sans ménagement. Terrible le Pittaraq, terrible ! je comprends pourquoi, en nos régions cordiales, les vents portent des noms plus cléments, dans le genre "bise" ou "zéphir". Ici, cela ne serait pas sérieux, ni honnête. Bref, une fois de plus, ça caille sévère ! En me rendant au-devant de l'hélicoptère qui me mènera à Nuuk, l'avion est peu recommandé quand l'Pittaraq déboule, j'entends la glace qui craque sous mes pieds. Encore moins question de respirer l'air ambiant sans le filtre bienfaiteur d'un col roulé, remonté jusqu'au front. L'hélicoptère décolle enfin. A moi Nuuk ! The capitale of Groenland !
Il faut tout le temps relativiser quand on voyage. Il vaut mieux oublier sa vision purement occidentale. Le Groenland est un pays de 57 000 habitants sur un territoire de deux millions de km2, quatre fois plus grand que la France. Quand on parle de capitale, en l'occurence Nuuk, il s'agit en fait d'une petite ville de 13 000 âmes, avec une seule artère principale. En bordure du fleuve Godthäbsforden et de la mer du Labrador, Nuuk est une ville portuaire, au sud du cercle polaire, à moins de 240 kilomètres de la fameuse limite raisonnable de vie. Le Pittaraq est moins violent. L'air est y est plus doux, -20°, et toujours aussi sec, ce qui semble le meilleur rempart contre une mort certaine et toujours aux aguets ! Je me dirige vers l'hôtel Hans Ledge dans la rue principale. Je n'ai pas trouvé le Seamans, beaucoup moins onéreux que cet hôtel moderne, où les touristes s'en viennent recharger des accus, bien assombris par tant d'impertubable froidure. Le double intérêt du Hans Ledge Hôtel, en-dehors des chambres très accortes, c'est qu'au dernier étage, se trouve l'un des bars les plus animés de la région, le sky Line Bar. Au hasard des rencontres, inhérentes à tout voyageur sensiblement curieux, je me retrouve, après avoir déposé mes bagages, avec une bande de danois, dont un inuit, qui m'accueille à leur table. Je vais enfin goûter les spécialités groenlandaises. Kaali, l'inuit beau comme un iceberg, en baragouinant un anglais aussi profond que le mien, me choisit mon menu spécial Groenland. Je vous ferais grâce des noms sérieusement complexes des plats, et vous indiquerais seulement la nature de ceux-ci. J'ai commencé par une sorte de saumon fumé, je le crois aisément, roulé dans des nouilles japonaises. Curieux. Puis ensuite, le boeuf musqué, le fameux, accompagné d'une pastatchoute de pommes de terre. Un régal ! Et ça tient chaud au coprs ! C'est le moins qu'on puisse dire ! Pour le dessert, autre curiosité, et celle-là de belle tenue, un gâteau au crabe des neiges, avec sa rhubarbe marinée. Juste ciel ! Je demande à Kaali ce qu'est le crabe des neiges ? Il me répond le plus simplement du monde qu'un crabe des neiges est un crabe des neiges. A question con, réponse du même gabarit ! Ce qui provoque dans la tablée, un éclat de rire chaleureux. Toute chaleur est bonne à prendre. On se termine avec un alcool aussi terrible que le Pittaraq ! Le serveur m'explique qu'il s'agit d'un alcool de baies, que l'on trouve dans la toundra, l'été. J'en reste bouche bée de ces baies subtiles ! A déboucher un chiotte ! Râââârrr ! Le pays est rude, l'alcool également. Je m'en vais faire une sieste plus que légitime. Le froid, ça plombe ! Ce soir, mes compagnons de bouche, m'ont invité à une virée enivrante des grands-ducs au Tulles Rock, un bar branché de Nuuk. ça promet ! Il faut dormir, dormir...
A demain.

Publié dans Chroniques

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