L'almanachronique du 28 février
Hello les blogos ! Hum Hum Fiiiizzzz la blogose !
Chère Apolline,
Si je me suis enfin décidé à vous écrire, c'est parce que nous sommes à la veille du suicide de ma femme. Vous seule, j'en suis sûr, pouvez comprendre l'importance de cette heureuse nouvelle. Depuis trop longtemps, et vous en êtes un témoin zélé, à l'occasion entre autres de nos cinq-à-sept suggestifs les lundis et mardis de 09H00 à 11H48, je ne peux que constater amèrement l'indubitable érosion de cet amour inflexible, avec ma femme, qui, croyez-le, n'a de cesse de me ronger les sangs malgré les progrès stupéfiants de ma muflerie de plus en plus intransigeante. Je dois vous confier, d'abord, que seules nos journées passées ensemble m'apportent le réconfort psychique auquel j'aspire. En dehors du fait, grâce vous soit rendue, que vos émoluments sont pour le moins confortables et précieux. Néanmoins, ils demeurent insuffisants pour me permettre pleinement de vous faire vivre.
C'est vous dire, chère Apolline, que les temps à venir sont d'une importance capitale. D'où cette missive, vous en conviendrez cruciale, qui, dès lors votre considération, nous permettra de vivre intégralement notre amour, sans retenue et au grand jour, avec une certaine dextérité libidinale dont je puis m'honorer.
Il est temps de passer un cap, d'éclaircir une situation équivoque, et pourquoi pas de brûler les étapes, de franchir le rubicon; en un mot, de me proposer le mariage. Certes, je connais votre aversion pour cette union légitime, qui vous lie à votre mari et qui fait votre malheur quotidien, et votre aisance financière, mais nous ne tarderons pas à éprouver, je le sais, après le suicide de Justine et notre liberté retrouvée, un certain embarras à persévérer dans notre concupiscence.
Je ne puis que vous conseiller de suggérer à Charles-Edouard, votre mari, et ce le plus tôt possible, de reproduire le geste circonspect et judicieux de mon épouse qui, dès demain, lui permettra, sainte femme, de rejoindre les simples d'esprit à la droite de Dieu, simples mais heureux. Pour une totale réussite de cette mort salvatrice et inspirée, je vous suggère également d'amorcer, comme je le fais habilement, le dit suicide en suivant scrupuleusement le recueil de Lucrèce Borgia, dont je vous ai fait parvenir un exemplaire, acheté par vos soins pour mon anniversaire.
Daignez, très chère Apolline, recevoir l'expression de mes duplicités sincères, et, très prochainement, donner audience à mon amour, peut-être intéressé, mais paradoxalement incorruptible.
Bien à vous. Et surtout à moi.
Je vous aime.
Chère Apolline,
Si je me suis enfin décidé à vous écrire, c'est parce que nous sommes à la veille du suicide de ma femme. Vous seule, j'en suis sûr, pouvez comprendre l'importance de cette heureuse nouvelle. Depuis trop longtemps, et vous en êtes un témoin zélé, à l'occasion entre autres de nos cinq-à-sept suggestifs les lundis et mardis de 09H00 à 11H48, je ne peux que constater amèrement l'indubitable érosion de cet amour inflexible, avec ma femme, qui, croyez-le, n'a de cesse de me ronger les sangs malgré les progrès stupéfiants de ma muflerie de plus en plus intransigeante. Je dois vous confier, d'abord, que seules nos journées passées ensemble m'apportent le réconfort psychique auquel j'aspire. En dehors du fait, grâce vous soit rendue, que vos émoluments sont pour le moins confortables et précieux. Néanmoins, ils demeurent insuffisants pour me permettre pleinement de vous faire vivre.
C'est vous dire, chère Apolline, que les temps à venir sont d'une importance capitale. D'où cette missive, vous en conviendrez cruciale, qui, dès lors votre considération, nous permettra de vivre intégralement notre amour, sans retenue et au grand jour, avec une certaine dextérité libidinale dont je puis m'honorer.
Il est temps de passer un cap, d'éclaircir une situation équivoque, et pourquoi pas de brûler les étapes, de franchir le rubicon; en un mot, de me proposer le mariage. Certes, je connais votre aversion pour cette union légitime, qui vous lie à votre mari et qui fait votre malheur quotidien, et votre aisance financière, mais nous ne tarderons pas à éprouver, je le sais, après le suicide de Justine et notre liberté retrouvée, un certain embarras à persévérer dans notre concupiscence.
Je ne puis que vous conseiller de suggérer à Charles-Edouard, votre mari, et ce le plus tôt possible, de reproduire le geste circonspect et judicieux de mon épouse qui, dès demain, lui permettra, sainte femme, de rejoindre les simples d'esprit à la droite de Dieu, simples mais heureux. Pour une totale réussite de cette mort salvatrice et inspirée, je vous suggère également d'amorcer, comme je le fais habilement, le dit suicide en suivant scrupuleusement le recueil de Lucrèce Borgia, dont je vous ai fait parvenir un exemplaire, acheté par vos soins pour mon anniversaire.
Daignez, très chère Apolline, recevoir l'expression de mes duplicités sincères, et, très prochainement, donner audience à mon amour, peut-être intéressé, mais paradoxalement incorruptible.
Bien à vous. Et surtout à moi.
Je vous aime.