L'almanachronique du 17 mars

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Juste un...litre, la blogose !

Souvenez-vous mes joyeux épicuriens ! Ce fut un 17 mars, en 1915, que le royaume des incontinents du bulbe, ceux des diafoirus ès sobriété, des dictateurs de la vertu et des cravateux bégueules, un royaume empli de morgue, gagna sa plus insupportable victoire dont on paye encore aujourd'hui les ravages inhibiteurs sur la liberté de s'envoyer en l'air. En effet, ce 17 mars 1915, la France, alors même que l'Allemagne lui titille les arpions, interdit la consommation et la commercialisation de l'absinthe. Un jour noir.
Mais rappelons-nous de l'histoire de cette fée verte.
Val-de-Travers, un village au nom prédestiné, dans le canton Suisse de Neuchâtel.
La mère Henriod, une ventrue amène édentée, dont le mari tenta toute sa vie d'agrafer un voile pudique sur ses bourses enflées, conçut quant à elle, et ce au XVIII° siècle, un élixir à base d'absinthe. Succès immédiat. A tel point, que le major Dublied, en 1797, acheta la formule magique et ouvrit une fabrique à Couvet, avec l'aide de son gendre Henri-Louis Pernod. Pas con le Suisse ! Enfin surtout à l'époque.
Ce même Henri-Louis Pernod qui, vénalité capitaliste oblige, décida d'augmenter le succès déjà retentissant de l'absinthe en ouvrant quant à lui une usine à Pontarlier, dans le Doubs, de l'autre côté de la frontière, en 1805. Succès une nouvelle fois considérable. Pensez-vous, les Doubistes, qui se faisaient déjà chier à sucer de la cancoillotte pour oublier les rigueurs de l'été à moins quarante, accueillirent l'élixir avec un espoir facétieux de crever enfin avec sérénité et félicité. On les comprend ! C'est d'ailleurs ce qui permit aux soldats français, en 1830, de conquérir l'Algérie pour le plus grand plaisir des gros colons, qui ratonnent toujours au CAC40.
Par la suite, les artistes en firent leur boisson vénérable et vénérée, au doux nom de fée verte. Degas, Toulouse-Lautrec, Baudelaire, Verlaine et Oscar Wilde, pour ne citer que les plus tarés et, n'en déplaise au plus châtreur d'entre les cons, les plus éminents.
C'est alors qu'un obscur chimiste fumiste et un auteur assommant conclurent que cette absinthe était mortelle et dangereuse. Une substance toxique, la thuyone, selon Zola, le barbant barbu, serait à l'origine de la dégradation de la condition ouvrière. Quel con ce Zola !
Fin de l'histoire pour l'absinthe.
Ce n'est qu'en 1932, qu'un certain Paul Ricard adapta la fée verte pour créer le pastis.
Marcel Pagnol fit le reste.
Ploum Ploum !
Et les cigales de chanter notre désespoir.

Publié dans Chroniques

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