L'almanachronique du 16 avril
Hello les blogos ! Je t'ai manqué la blogose ? Et glou et glou...
De l'importance d'autrui pour la tournée à venir, ou comment se passer de la solitude avant que la fonte des glaces ne nous jette irrémédiablement au fond des cornues.
Il est des bistrots qui se suffisent à eux-mêmes. De petits rades voûtés, peu éclairés, où votre présence n'est nullement requise et où l'indifférence a le regard froid de ces fatalistes somnanbules, vieillissants et usés. De ces cafés sombres, au fond d'une rue sans nom, où la vie se chuchote à peine, où l'on boit seul à l'humeur solitaire des cauchemars atones. De ces bars sobres chers à Luis Bunuel.
Je vous parlerai d'un tout autre genre de troquet. De ces bars où la solitude est imbuvable, où la lumière est une petite vie insulaire qui ramène à soi tous les naufragés égarés, où le comptoir est large et imposant, où s'assoir à une table est une insulte à la bienséance. Et plus particulièrement d'un boui-boui, niché sous des arcades, dont le plafonnier s'est tu un trois septembre 1973, sans qu'aucun client ne s'en plaigne.
"Tu trouveras là, amis Blogos, la fine fleur de la populace, tous les marmiteux, les calamiteux de la place, qui viennent en rang, comme des harengs, voir en face la belle du bistrot, la femme..." du patron, qui a eu la fâcheuse idée de mourir d'un putain de cancer entêté et inévitable pour qui sait s'en enticher ! Faut dire, comme le chantait Brassens, qu'elle est belle cette jolie fée qui d'un bouge a fait un palace. Un palace atypique, aux murs recouverts de tableaux africains, dont la lourde table centrale en chêne empêche le manant pinté d'aller pisser sereinement. C'est aussi un palace atypique avant tout par la grandeur de son comptoir, long comme un jour sans pain où s'en viennent musarder quelques insectes grâcieux.
Des papillons empourprés à trompes chercheuses, des phytophages à absinthe, des coccinelles à point et sans permis, quelques fourmis véhémentes et des cigales chopinantes. Sans oublier les phylloxéras bringuebalants, les punaises accortes, les toujours vermines radines et les taons qui passent.
Et pour celui qui sait boire, le temps qui passe est un temps de trop !
Allez, c'est la mienne !