L'almanachronique du 27 novembre
Hello les blogos ! Le treizzzzzzzzzzze ! Quine la blogose !
Connaissez-vous les lotos ? Mettons tout de suite de coté ce loto étatique qui tous les samedis soirs suggère à pas moins de 10 millions de personnes que la pauvreté n'est pas une fin en soi, et concentrons-nous sur les lotos traditionnels de ces petits villages perclus de rhumatismes inflammatoires, mais bien moins qu'en banlieue ! AAAAH heureuse période des lotos ! Bienfaitrices arnaques jubilatoires où le silence est d'or et la quine grasse !
Ces chers petits lotos d'incertitude, qui rameutent à leur seule évocation d'inéluctables vieux dont l'inénarrabilité se fond dans le puits sans fond de leur existence cramée ! Voyez-les se mouvoir replètement, l'oeil aux aguets et l'oreille empressée ! Ils se posent prestement sur de longues tables branlantes, seule représentation imprécise d'une sexualité perdue, et disposent consciencieusement leurs rondelles colorées et aimantées au-dessus des cartons soigneusement choisis où les chiffres fétiches font la cour aux chiffres maudits ! Ils sont beaux et pour tout dire, avec autant d'intensité, très cons ! Car pour accéder à cette quine tant promise, un canard gras ou un sèche-cheveux numérique, il leur faut un silence absolu, une acuité hargneuse qui ne mérite aucun dérèglement, aucune vie bruyante autour d'un périmètre auditif plus grand de jour en jour. Et les voilà lancés dans cette quête infinie, attentifs stressés du plus petit "trente-trois", pour mettre au panier un improbable pinard-tâchon de la Creuse, un lot cadavérique de pâtés sans foie de porc ni loi de canard, une coupe de cheveux chez la rombière de sévices et le sempiternel filet garni où se côtoient sans plaisir la boîte de flageolets extra-fins avec la savonnette de chez Purin aux extraits d'huile d'Olive de chez Gazole qui vous fait un teint de fond de piscine éclatant !
-"Leeeeee...quaaaaaaranteeeeeeeeee...TROIS ! "
-"OUAIS ! QUINE ! "
Et pour madame Dugougnard, un magnifique cadre pour photos ! Elle pourra ainsi afficher, fière, la tête de ses petits-enfants chéris qui de toute manière ne viennent plus qu'une petite semaine par an et à noël, pour lui taper ses maigres rentes de la sécurité sociale et rapporter dans leur villa sans charme le buffet Henri IV de la fin de la guerre qu'ils remplaceront par un joli meuble Ikéa parce que c'est joli, et tellement pratique !
AAH les lotos !...
(A suivre)