L'almanachronique du 11 juillet

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Driiing Driiiing la blogose !

Troisième jour en Creuse.
Je ne suis toujours pas mort. Je le sens. Mon corps et mon esprit sont en osmose parfaite. Le deuxième commande au premier une agitation frénétique et matinale. C'est un passage obligatoire dès l'aube naissante. A l'encontre de ce qui est préconisé par l'ensemble des médicastres moralistes, et ce d'une manière effrénée et irrésistible, je me gratte ! On pourrait parler même de ravalement, tant la démangeaison est acerbe, voire croate. Le matin réveille à nouveau les irritations épidermiques de la veille. Les moustiques creusois sont redoutables et foudroyants. Et je ne parle pas des taons ! Ils sont si gros, si ventripotents et joufflus, qu'un seul bourdonnement trop près de l'oreille peut vous rendre sourdingue à jamais. Sourd, j'exagère à peine, mais dingue, assurément !
L'agréable fraîcheur matinale, pour ne pas dire la froidure incisive, s'efface rapidement sous les rayons ardents d'un soleil de juillet et en pleine terre. La journée s'annonce particulièrement brûlante, de cette chaleur étouffante et poisseuse qui nécessite un effort surhumain pour enfiler sa combinaison extérieure. Rapport aux moustiques ! Elle m'a été prêtée par Robert, la Maire grivois de Chantemille, et date de la dernière guerre, avec masque à gaz compris. Je n'vous raconte pas le bronzage ! Les coureurs du tour de France n'ont qu'à bien se tenir !
La torpeur qui suit l'heure du midi, figeant tout ce qui vit, vaches et grenouilles, les hommes ont depuis longtemps déserté le pays, ne change rien au paysage. Il semble comme figé à jamais dans une somnolence sourde. On se dit que tout cela est beau, sauvage, authentique. Et on a raison. Surtout quand le séjour va durer. Tout autre échappement m'étant refusé !
Hier soir, sur mon vélo antédiluvien, à une roue et demi, ne pouvant sincèrement affronter seul la solitude creusoise et le chant lancinant des rainettes exaspérantes, pourtant callypigiennes à souhait, je me suis rendu, à dix kilomètres de Chantemille, dans un rade prometteur et joliment poétique : La Luciole.
La vie à portée de pédale ! Enfin !
Le village, dont j'ai oublié le nom, il m'oubliera également, se compose de cinq maisons, quatre fermes et le café "La Luciole", qui fait office de mairie, de bureau des postes, de dépôt de pain, de boucherie, de réparateur de vélos et accessoirement de chambres d'hôtes. Une seule route. Les fermes sont d'un coté, en enfilade, le café de l'autre, comme en opposition. Quelques dindons défilent crêteusement sur la route avec un balancement cadencé de pas grand-chose. Un chat, au pelage quelconque de tôle grise, traverse mollement la cour d'une des fermes où un veau mort se pare de jolies mouches chieuses vertes qui s'ébrouent le croupion follement comme autant de vampires tyranniques sur une caroncule écarlate d'une dinde bêlante dans un film de série Z.
L'espoir renaît.
J'entre dans la Luciole.
La lumière...
A suivre

Publié dans Chroniques

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