L'almanachronique du 17 avril

Publié le par blancafort

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L'homme a toujours biné. Il bine depuis la nuit des temps. Au début, il binait avec ses mains, grattant un sol infertile en espérant l'alchimie magique qui transformait alors une graine en plante. Puis, et selon un principe inhérent à l'homo erectus, il évolua. Désormais homo sapiens sapiens, il découvrit l'usage de l'outil. D'abord un morceau de bois, puis un os, une pierre finement taillée, et enfin le fer. Il pouvait dès lors biner crânement. On le voyait alors, en une posture altière, dignement biner un sol plus riche, créant ainsi le premier jardin potager de l'histoire. Ses autres confrères, plus carnassiers que pâtureurs, le regardaient d'un oeil narquois. Ils pouffaient même. Se demandant quel intérêt il y avait-il à ameublir la terre autour d'une herbe plutôt que de s'occuper à entretenir la braise braillardepour roussir une côte à l'os grasse ? En effet. Mais il s'en foutait. Il savait bien au fond de lui-même que tôt ou tard, les homophages, comme il les appelait ironiquement, allaient craquer pour une bonne salade melba, ou un fournée de frites à la graisse de zébu. Son espoir fut récompensé. Au delà même de ses espérances. Le jardin avait gagné ses lettres de noblesse. Le monde allait biner, biner sans retenue, biner avec délice, biner éternellement.
Aujourd'hui, il bine toujours. Et la période est propice. Il bine le plus souvent un petit jardin potager au fond du terrain, proche du puits. Un jardin potager qu'il a tout d'abord préparé précieusement, avec patience. Il l'a labourré, émotté, écroûté et hersé. Puis, il le bine.
Et rien n'est plus beau que de voir un homme biner.
Penché sur la terre nourricière, ahanant et suant, il aère et ameublit avec courage, sans ménager sa peine. Enlevant ça et là, les mauvaises herbes, plus communément appelées adventices ou herbes folles. Et la liste est longue : chiendent, silène, Queue de cheval, matricaire, laiteron et liseron. Il lui faut donc biner. Ce qu'il fait non sans un plaisir certain. Il est le maître, le créateur.
Puis, après la tâche accomplie, il se redresse enfin. Il pose son outil, recule, et embrasse d'un seul coup d'oeil son ouvrage.
Il peut dès lors se satisfaire. Il sourit. Fourbu mais heureux.
Et c'est ainsi que l'homme est grand.

Publié dans Chroniques

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