L'almanachronique du 22 mars
Hello les blogos ! Più Più Più la blogose !
Si tenté qu'il soit par son extraordinnaire capacité de soumission induite, le monde ne cesse d'évoluer, de progresser, poussé par une indéfectible course au toujours plus, au toujours mieux en laissant sur les bas-côtés les lassés, les époussetteurs de vieux journaux, les épouses délaissées et les chats trop maigres. La simple écoute d'une sonate tumultueuse pour piano et violon de Mozart devient un acte de résistance. Les grupetti déchirants sont donnés en pâture aux laudateurs de la paresse qui feignent d'attendre une caresse réconfortante.
Mais le monde va. Il ne se retourne jamais. La ligne droite est son leitmotiv. Les routes de province sont trop aléatoires, trop sinueuses, trop irrégulières à son goût. Elles expriment la légèreté, l'errance, l'hésitation. Le village engoncé entre ses entrelacets et les coteaux se plaît alors à rêvasser. Il est une rareté. Un instant donné. Un petit quelque chose du passé dépassé, un musée de cothurnes que les comédiens-villageois ne chaussent plus que pour épater la galerie. Il existe en ces bourgs obscurs de vieux commerçants qui radotent au couvent, de ceux qui usent du crayon HB pour additionner; qui font de beaux "neuf" et d'agréables "huit" bien proportionnés.
La marchande de journaux, quant à elle, est experte dans le "quatre" avec la barre bien au milieu comme la croix du curé. C'est une petite boule de femme, vieux pruneau rabougri par trop de soleil, toujours en jupe et le mollet ferme. Dès cinq heures du matin, elle porte par tous les temps sur son vélo couinant, les quotidiens pliés en trois. D'un caractère acariâtre, bougon et acrimonieux, elle délivre dès l'aube passée ses flèches assassines scrutant de son oeil vif et retors la réaction tant désirée; n'hésitant pas à envoyer chier la vieille trop molle, l'étranger circonspect et la petite fille trop intimidée. Dans sa boutique, arrière-salle de sa cuisine où clapote une soupe pauvre, la magazine de cul côtoie le dernier Pomme d'Api, le Figaro se plaît à recouvrir le Monde et Gala trône au promontoire de la banque vitrée. Elle maugrée contre le gros temps, la politique, l'endimanché précieux, sans oublier d'en mettre un coup à la mater dolorosa de la rue Longue et son cul renfrogné. On ne sait jamais.
Un coup de pied au derrière du chien cagneux qui pisse sur l'improbable géranium qui mazoute au soleil. Un de plus !
Ah oui ! Elle se fout comme de l'an quarante de la mondialisation qui ne l'aura pas !
Elle aime pourtant les chats trop maigres.