L'almanachronique du 19 juin
Hello les blogos ! A la fortune du Pô la blogose !
Il m'arrive quotidiennement et le plus naturellement du monde dois-je l'avouer, de laissser
libre cours à cette part de féminité intrinsèque dont on devrait plus souvent s'estimer heureux, nous les hommes !
Ainsi, quand je couds mes chaussettes, je ne pense à rien !
Je suis heureux, vaquant aux petites choses, avec toute l'attention requise aux instants ménagers. Tel un horloger précis et fier de cette mission majeure du temps maîtrisé, je m'évertue à respecter au pied de la lettre la maxime de Louis Jouvet dans " Entrée des artistes ", et qui préconisait de "mettre de l'art dans sa vie et de la vie dans son art."
Un point à l'endroit, un point à l'envers. Une diagonale par ci, une horizontale verticalité par là ! Et de me faufiler entre les mailles que j'aille, de piquer ici, d'ourler là et de rapetasser sans raper tout !
L'aiguille alerte, le fil à la patte à ma botte, je rapièce, je reprise et je ravaude.
Heureux !
Je suis alors sous un ciel toscan, à l'ombre clémente des oliviers en terrasses et d'un haut cyprès lançant sa gracile silhouette dressée et pointue vers le ciel rêveur et serein d'un Andrea del Sarto apaisé !
J'hume allègrement le sang d'un Montalcino lumineux d'où le sangiovese se plaît à exhaler sa tendre robustesse.
Au loin, le quintette pour clarinette et cordes opus 115 de Brahms s'envole dans les airs avec une élégante nonchalance.
Et là...PUTAIN DE BORDEL DE MERDE !!!!
J'enrage ! Je peste ! Je fulmine de rien ! Je jure et je maugrée malgré moi !
Adieu Brahms, Ghirlandaio, Giotto, Orvietto, Montepulciano et consorts ! Consorts les jours de lune pleine !
Mais comment faire ? Comment saisir l'indicible subtilité finale ?! Hein ?
Amis blogos, tendre blogose de mes aïeux, l'heure est grave ! Je voudrai un jour savoir, Nom de Nom de moi-même, comment faire pour terminer une reprise de chaussette ?!
Mais comment faites-vous pour clore une couture ?
Avec des noeuds ? Des boucles ? Des épissures assurées ?
Moi, c'est bien simple, ça foire à chaque fois !
Une fois achevée mon accorte piqûre, mon délié surjet, je n'attends pas un jour de plus avant que mon oeuvre ne se délite non sans une déliquescence effrénée !
Alors je vous pose la question : Comment ?
Aidez-moi !
Pitié !
Je vous en conjure !
Arrrgggh...
Une femme blessée.