L'almanachronique du 9 avril

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! T'as du feu la blogose ?

Cinquante ans durant, Raymond Frougnard avait vécu en libidineux accompli et enthousiaste. Maintenant, arrivé à soixante-cinq ans d'âge, il était en danger de perdre l'ardeur et l'attrait de ses attributs virils. En danger de perdre ? A quoi bon tergiverser, il les avait perdus ! Depuis il courait de médecin en médecin, de charlatan en charlatan (Est-ce les mêmes ?), de panacée en tisane probiotique. Et tout cela vainement.
C'est alors qu'il se souvint de son voisin; il l'avait trouvé un soir abreuvant le digicode d'incantations cabalistiques et le jour de la fête des mères bénissant ses paires. Pour tout dire, il le prenait pour un fou. Mais qu'avait-il à perdre à le rencontrer ?
Il monta au troisième étage et tira la chevillette. "Cherra bien qui cherra le premier" se dit-il en s'efforçant d'affermir sa voix intérieure sans parvenir à masquer un léger chevrotement, mais tout ceci intérieurement, donc on s'en fout.
-Qui est-ce ? s'enquit l'inconnu du troisième avec une voix de contrebasse effleurée par un balai à chiottes en crin de cheval de trait comtois.
-Brrrr ! C'est votre voisin du second ! fit Raymond s'efforçant d'affermir sa voix sans parvenir...enfin vous me comprenez !
-Ah Ah ! Je t'attendais !
-Ah bon ? répondit Frougnard qui avait le don pour les formules concises et appropriées.
Alors que la porte s'ouvrit, Raymond eut un léger frisson. Le voisin du troisième était laid, mais laid ! A tel point que je ne vous le décrirai pas ! Qu'il vous suffise de savoir que vous n'auriez pas aimé voir tant de laideur dans un seul homme ! En dehors de notre président.
-Je sais pourquoi tu viens me voir ! Comme je sais également que tu vas me dire :"Ah bon ?" pour simple réponse !
-Ah...se retint effectivement de répondre Raymond !
-Tu désires retrouver ta vigueur et que j'exauce à l'envolée ce voeu pieu !
-C'est pas avec un x pieux ?
-Pas si c'est une histoire de cul ! Le cul c'est généralement au pieu !
-Et odieux désormais !
-Point de pessimisme et de jeu de mots foireux navrant navré ! Voici qui accomplira ton voeu !
Le laid, très laid plongea sa main dans l'air ambiant, dans lequel sa main disparut; quand elle reparut, elle tenait une pastille bleue qu'il tendit à Frougnard :
-Je te souhaite bien du bonheur, dit-il d'une voix de contrebasse effleurée par une scie sauteuse pendulaire de marque Bosch.
-Mais c'est du Viagra ! répondit Raymond, interloqué, décontenancé, médusé, pantois, stupéfait, ébaubi; enfin toute la liste des synonymes du Robert, version 2005, 27, rue de la Glacière, Paris XIII°.
-Et alors pauvre con ?! Je suis le pharmacien d'en bas ! Qu'est-ce que tu crois ?!
Et le pharmacien disparut, sans oublier de fermer sa porte, ni de pousser un "AHAHAHAHAH" glacial et démoniaque !
Raymond Frougnard attendit le soir pour avaler la célèbre pillule bleue qui fêtait allègrement ses dix ans.
Il attendit.
Il attendit.
Il attendit.
Il attendit...
...et se tapa une bonne pogne, parce que c'est pas pour dire, mais le Viagra ça fait bander, mais sans femme et sans amour, c'est schtoumpfant !

Publié dans Chroniques

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