L'almanachronique du 4 septembre

Publié le par blancafort

Hello les blogos ! Atchââââ Chacha la blogose !

Le cafetier est parti en vacances.
Cette nouvelle, que l'on pourrait taxer d'anodine, voire même d'insignifiante, cache en réalité un drame actuel plus terrifiant qu'il n'y paraît.
Le cafetier est parti en vacances.
Ça pourrait être le boulanger, le boucher ou bien l'assureur qui végète à demi. Non, c'est le cafetier. Le patron du seul rade du village. Un p'tit bar aux accents céliniens, modeste dans ses proportions, où les solitudes se côtoient dans un silence implacable, entre un café trop passé pour être honnête et un pâle demi aux bulles vaporeuses.
Il est parti en vacances. C'est bien son droit. On bosse tous pour une bien miséricordieuse récompense. Le temps libre. Une notion abstraite.
Certes, c'est bien son droit, sa volonté, son désir. Il est parti en vacances. Le bar est fermé.
Le bar est fermé. Voilà l'écueil. Voilà le constat amer. Le bar est fermé. C'est une chose avérée, incontestable et tangible. Oh bien sûr les incontinents foireux es-sobriété pourraient crier victoire, mais c'est une victoire, bien que passagère, qui sent la morgue et la fange. Car un bar fermé, qui plus est le seul, l'unique, c'est une vie qui s'éteint, une cheminée sans feu en plein hiver.
Le bar est fermé. Dix jours. Dix jours sans le p'tit noir du p'tit matin, dix jours sans la première gorgée de bière de l'après-midi, dix jours sans le pastis éclatant d'anis opalin.
Mais plus encore dix jours sans les trognes frondeuses des cathareux de l'aube, dix jours sans les commentaires effervescents des échotiers égrillards qui passent l'actualité à la moulinette du avant-c'était-autre-chose ou du de-mon-temps, dix jours sans les haleines poussives des lendemains de douces enivrances. Dix jours. Une éternité.
Dix jours sans la vie du troquet. Dix jours sans la vie, elle-même. Sans les vieux, sans les cons, sans les pochards, les tchatcheurs, les hâbleurs, les p'tits fachos fripés, sans les belles de jour, les boudins, les besogneux, les hypocrites, les médisants. Sans tous cela. La vie quoi.
Dix jours. C'est long.
Un manque.
Une petite mort.
Vivement la rentrée. C'est ma tournée.

Publié dans Chroniques

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