L'almanachronique du 23 septembre
Hello les blogos ! Grumph Grumph Bling Couic la blogose !
Houps ! La tuile ! A trop vouloir parler de tout et de rien, de commenter des allégories tangibles, de balayer sans fin les miasmes hideux d'un présent réactionnaire, on en oublierait l'essentiel.
Hier, c'était l'automne. Ce qui est en soi, une circonstance aggravante.
L'automne. Brouillards, averses, humus, couettes et délices libidineux.
C'est la saison des chaumières et des couleurs flamboyantes, qui se manifestent quand des jours ensoleillés et secs sont suivis de nuits fraîches et sèches. La carotène s'équinoxe, et Prévert s'en grille une. La nature garde en mémoire les images du passé mort, et quand pâlissent les journées d'arrière-été, l'automne alors descend sur terre et l'esprit des Voyants hante à nouveau le ciel *.
Les arbres, côtoyés jusqu'à ce jour pour leurs ombres suaves et harmonieuses, se muent en peintraillons aigus et fringants. Il faut les voir se pigmenter, se teindre et s'enluminer sans retenue, parfois avec délicatesse, toujours gracieux, et dont l'harmonie cafouilleuse n'est pas sans rappeler les chatoyants tâtonnements de Van Gogh sur des peupliers élancés.
Les arbres font les forêts. L'excès de nuances y forme une cathédrale gothique.
On y voit le frêle frêne qui tremble au charme distinct d'un haut chêne pubescent. L'alisier blanc brunit et le chêne vert pique un fard. Breton qui s'en dédit. Le bouleau, dont les chamans de Sibérie vantaient les vertus thérapeutiques, arbre peu bavard bien que verruqueux, fait la causette avec un érable de Montpellier, dont l'accent épicé rappelle l'été. Ils confrontent leurs teintes mélancoliques. Ils se jaugent, se mesurent. Un saule, seul, s'ébroue le feuillage. Jadis, l'on disait qu'une croix faite avec deux rameaux de l'arbre de Musset, et que l'on jettait dans une source sacrée, permettait de connaître l'imminence ou non de sa mort. Brave saule. Et le micocoulier, le néflier, le merisier, voyez-les s'orner d'enluminures métissées. Ils cézannent et bazillent gaiement, sans impression de déjà vu. Le châtaigner perd ses boules, le noyer respire encore et rosit de tant de fortune, le robinier goûte un repos mérité, quant au chêne souverain, il n'est pas si pédonculé que ça, et l'hêtre est le néant.
Il y a plus dans les forêts que dans les livres.
Bienheureux l'automne.
Salutations distinguées.
* Friedrich Höderlin
Houps ! La tuile ! A trop vouloir parler de tout et de rien, de commenter des allégories tangibles, de balayer sans fin les miasmes hideux d'un présent réactionnaire, on en oublierait l'essentiel.
Hier, c'était l'automne. Ce qui est en soi, une circonstance aggravante.
L'automne. Brouillards, averses, humus, couettes et délices libidineux.
C'est la saison des chaumières et des couleurs flamboyantes, qui se manifestent quand des jours ensoleillés et secs sont suivis de nuits fraîches et sèches. La carotène s'équinoxe, et Prévert s'en grille une. La nature garde en mémoire les images du passé mort, et quand pâlissent les journées d'arrière-été, l'automne alors descend sur terre et l'esprit des Voyants hante à nouveau le ciel *.
Les arbres, côtoyés jusqu'à ce jour pour leurs ombres suaves et harmonieuses, se muent en peintraillons aigus et fringants. Il faut les voir se pigmenter, se teindre et s'enluminer sans retenue, parfois avec délicatesse, toujours gracieux, et dont l'harmonie cafouilleuse n'est pas sans rappeler les chatoyants tâtonnements de Van Gogh sur des peupliers élancés.
Les arbres font les forêts. L'excès de nuances y forme une cathédrale gothique.
On y voit le frêle frêne qui tremble au charme distinct d'un haut chêne pubescent. L'alisier blanc brunit et le chêne vert pique un fard. Breton qui s'en dédit. Le bouleau, dont les chamans de Sibérie vantaient les vertus thérapeutiques, arbre peu bavard bien que verruqueux, fait la causette avec un érable de Montpellier, dont l'accent épicé rappelle l'été. Ils confrontent leurs teintes mélancoliques. Ils se jaugent, se mesurent. Un saule, seul, s'ébroue le feuillage. Jadis, l'on disait qu'une croix faite avec deux rameaux de l'arbre de Musset, et que l'on jettait dans une source sacrée, permettait de connaître l'imminence ou non de sa mort. Brave saule. Et le micocoulier, le néflier, le merisier, voyez-les s'orner d'enluminures métissées. Ils cézannent et bazillent gaiement, sans impression de déjà vu. Le châtaigner perd ses boules, le noyer respire encore et rosit de tant de fortune, le robinier goûte un repos mérité, quant au chêne souverain, il n'est pas si pédonculé que ça, et l'hêtre est le néant.
Il y a plus dans les forêts que dans les livres.
Bienheureux l'automne.
Salutations distinguées.
* Friedrich Höderlin