L'almanachronique du 12 mai
Hello les blogos ! Sarouyana la blogose !
Le soleil est à nouveau derrière le comptoir. Sa trogne boursoufflée de mille halos qui nous hâlent avait fini par nous manquer. Sa bonhomie solaire faisait défaut dans le juste espoir qu'il revint un instant encore titiller notre affable euphorie orpheline. La douce harmonie du quotidien peut ainsi reprendre son indéfectible cours apaisant. Tout un chacun retrouve son enjouement de bon coeur et avec entrain, d'une façon naturelle, regaillardi par tant de chaleur illustre.
La boulangère aère ses miches, le quignon dressé. L'imperturbable tenancier du dernier troquet impassible, se met en terrasse et pointe son regard sur les pas lassés des vieilles indolentes, en sifflant un air de jadis. Le flegmatique tabacologue, la Gitane maïs collée aux lèvres, remâche de vieilles blagues indigentes en bedonnant du bedon. La vendeuse de journaux, vouée aux psalmodies iconoclastes de salle de garde, descend sur son vélo bi-centenaire la rue principale en maugréant contre un carnus inutile qui lève sa patte sur un géranium famélique.
Les premiers vieux, pas encore alités, pas encore morts, se regroupent à nouveau sous les platanes du foirail pour tour à tour critiquer les jeunes, pas encore couchés, railler les fainéants employés de la ville, les oisifs conseillers municipaux, le nonchalant maire d'origine teutone et par nabitude historique, les derniers Mérovingiens réduits en leur temps à l'inection par les maires du palais ! Non mais !
Le curé hollandais, grand amateur des vins non-bénis, regroupe ses ouailles deux par deux, gras dessus gras dessous, au sein de la nef rafraîchissante pour se préparer à affronter tous ensemble la canicule attendue, en solfiant d'improbables chants lithurgiques impromptus sur un harmonium sans fa au sol.
Le dernier pigeon pas encore mité, à l'instar de la vierge mistonne, et à l'approche d'un été flatteur pour les peaux criblés de pustules, se fait le maillot à la cire d'abeille, en attendant le mâle impénétrable.
L'amour, sous l'action de ce soleil excentrique, se refait une santé. Le désir bouillonne en son sein. Les imaginations concupiscentes prennent soin d'irriter les appétences charnelles, en prêtant à leurs objets encore plus d'attraits que ne leur en donne la nature bruissante.
La désinvolture est reine.
Et c'est tant mieux !